Le temps long et les idées courtes

Il va falloir « vivre avec le virus sur le temps long » reconnait enfin le Premier ministre français Jean Castex devant l’évidence. Il s’abrite désormais derrière la perspective d’une vaccination sans succomber à ses sirènes, les effets d’annonce relativisant les succès obtenus, une fois expliquées leurs limites pratiques (la conservation à -70 degrés) et les inconnues qui subsistent à leur égard.

Mauvaises et sinistres comédies du pouvoir

En fait des « décisions difficiles » qui étaient annoncées par le Conseil scientifique, le Premier ministre français s’en est tenu à la facilité en appelant au « sens de la responsabilité » de tous, atténuant par la même celle du gouvernement. Pas question, pour l’évacuer, de « se laisser enfermer dans la logique du confinement généralisé ». La liste des départements sur liste rouge va donc symboliquement augmenter, afin de ne pas prendre de dispositions nationales tout en laissant dans le flou les mesures locales dont les préfets auront la responsabilité.

Keynes à toutes les sauces gâtées

Jean Castex se prévaut d’un étrange « keynésianisme de l’offre » dont on ne sait trop où il va le chercher. Tandis que la tentation est grande de voir dans l’évolution de la politique financière allemande un tournant  « conceptuel ». Les dirigeants seraient-ils devenus des keynésiens comme l’affirme la correspondante du Monde à Berlin, Cécile Boutelet ? Ou bien plus simplement, le même pragmatisme que celui qui anima les dirigeants américains lors du précédent accès de crise aigüe, il y a une dizaine d’années, n’en est-il pas plutôt à son origine ?

Un plan à courte vue cousu de fil blanc

Le Premier ministre français Jean Castex s’est aventuré sur un terrain peu familier en qualifiant le plan de relance dont il assume la paternité de « keynésianisme de l’offre », un concept qui lui appartient et qu’on lui laissera. Tout est bon pour brouiller les pistes ! Plus prudent, Emmanuel Macron a préféré présenter sa vision de la République en retournant au Panthéon pour s’en tenir au maniement des idées, un terrain où il prétend briller à son avantage.

Ils vont devoir savoir bien nager

La finance avait dévoilé ses grandes faiblesses, voici venu le tour de l’économie. Deux vagues distinctes et conjuguées sont désormais redoutées, le retour de la pandémie et les faillites des entreprises qui en découlent, ces dernières s’apparentant plutôt à une explosion. « On ne les évitera pas », reconnaît le ministre français de l’Économie Bruno Le Maire qui avertit « on a le plus dur devant nous ».